On fait quoi?

[Note de blog. Ce texte n’engage pas la Grève pour le Climat. Ce blog est ouvert à tou.te.s, n’hésitez pas à envoyer vos textes à [email protected]]

Sérieusement, on fait quoi?

Que fait-on?

Que faire disait Tchernychevski (je l’ai pas lu)

Que faire disait Lénine (j’ai lu que des passages et de toute façon je suis anar)

Que faire disait Althusser (qui lit Althusser?)

Que faire disaient sûrement plein d’autres personnes



Et moi, je fais quoi?



J’ai l’impression qu’en ces temps de crise écologique et climatique; qu’en ces temps de pandémie; de remontée des fascismes; des attaques contre le service public; de glissements rapides vers des États policiers; d’isolement et de problèmes de santé mentale induits par celui-ci ; de découragement parce que la base sociale de la Grève du Climat (♥) est privée d’école… pendant que les assemblées syndicales sont presque toutes supprimées (snif), que les manifs sont interdites (à juste titre), que les chantiers continuent à tourner (à pas juste titre), que les travailleuses et travailleurs des métiers qui nous gardent en vie (soignant.e.s, employé.e.s de magasin, mais on oublie aussi les services de voirie qui s’occupent de nos poubelles et plein d’autres) se font raboter leurs droits (c’était pas nécessaire de pressuriser les soignant.e.s, merci) et se font applaudir par les mêmes qui ont fait des cadeaux fiscaux aux riches et promeuvent les plans d’austérité; pendant que la gauche se fait silencier parce que « C’EsT pAs lE MomeNt » alors que des millions en dividendes sont versés par des entreprises qui touchent les RHT
Bon, ce que je dis est confus. Parce que dans ma tête c’est confus. (On sait très bien que c’est faux je m’amuse juste à faire des trucs en html pour passer le temps en tentant pour une fois de pas pondre un texte académique et de faire le pseudo-artiste torturé.)
Je disais: j’ai l’impression que le monde militant court dans tous les sens sans savoir ce qu’il fait.
Et c’est

flippant flippant flippant flippant flippant flippant flippant

Du coup, je disais: moi, je désespère un peu et je suis perdu. Le semi-confinement, c’est pas facile. Je pensais pas que ce serait si dur. Et vu qu’en plus la Grève pour l’Avenir est super amoindrie et se mue en #ChallengeForFuture (le concept original sera bien sûr reporté, et vous verrez, on l’aura notre grève générale, on l’aura notre changement de système, on l’aura, la Sociale!), ça aide pas pour le moral.
La situation dans les camps de concentration hotspots de Grèce aide pas. Ni le fait que l’invasion de l’armée turque et de ses alliés islamistes continue au Nord-Est de la Syrie. Ni que la Papouasie occidentale est toujours sous domination indonésienne [ah, on me chuchote dans l’oreille que de toute façon tout le monde s’en fout]. Ni qu’après le covid-19 la droite et une partie de la gauche feront tout pour relancer l’économie à fond [d’ailleurs les États-Unis ont déjà vu leurs réglementations environnementales céder sous les assauts des capitalistes], et que les baisses d’impôts et plans d’austérité vont se succéder si on ne fait rien.

Aaaah, on commence à avancer. On sait toujours pas quoi faire (NB: si toi tu sais, laisse un commentaire stp merci). Mais on commence à voir ce qui se passe au niveau macro. Les capitalistes (genre les vraiment riches, pas le petit commerçant du coin qui certes sous-paye ses employé.e.s mais se paye lui-même pas plus) vont profiter de cette crise. Ils et elles en profitent déjà. Une crise est une période de recomposition. Les choses peuvent changer. Elles vont changer.
Changer comment? J’en sais rien, j’énonce de grandes vérités mais je suis pas devin. Ce que je sais, par contre, c’est que ce sont les groupes sociaux les plus puissamment organisés qui vont tirer les ficelles. Et spoiler, les écolos progressistes (genre plus écosocialistes que Vert’lib, ou encore bien pire écofascistes style Ecopop) ne sont pas en position de force (d’ailleurs les autres écolos non plus).
Du coup? me direz-vous. Avec raison. Parce qu’on va pas se mentir ce texte part n’importe où. Du coup, on monte en puissance (#By2020WeRiseUp toussa toussa). Mais avant ça, il faut penser à soi. Parce que la situation est difficile et qu’on risque toutes et tous de péter les plombs bien avant la fin de la pandémie.

Concrètement? On fait des petits trucs qui nous font plaisir. On mange du chocolat (miam). On fait la grâce matinée. On regarde des séries. On lit des BD (j’adore les BD). On sort la nuit faire de l’affichage sauvage. On écrit des posts de blogs tout pétés comme celui-ci ou alors on écrit des trucs sérieux comme celui-là. Quand on en peut vraiment plus, on va se balader dans la nature (en respectant les mesures sanitaires svp merci). On profite des technologies disponibles pour faire des apéros en ligne discuter avec des potes.

Et une fois que le cadre est posé, on pare au plus urgent. On aide, si possible, les autres. Les groupes de solidarité fleureissent. Il faudra les garder après. S’y investir maintenant. On lutte pour fermer les entreprises non-essentielles (sans perte de salaire pour les employé.e.s évidemment) parce que nos vies valent mieux que les profits de quelques grand.e.s patron.ne.s et grand.e.s actionnaires. On pense aux gens qui sont à la rue. On empêche les keufs de s’en prendre à eux. On pense aux petit.e.s indépendant.e.s. On les soutient si on le peut. Parce que si on les aide pas, les seuls qui s’en sortiront seront les grands groupes, souvent bien pires que les petites entreprises (qui connaissent la crise).

Et en même temps, on se prépare. On se prépare au choix qui nous attend à la sortie de la pandémie, voire avant.

On se prépare parce que celleux d’en face le sont bien plus que nous (préparé.e.s, donc).

On se cultive. On lit des livres et des articles, on regarde des films et des documentaires [Tu veux une suggestion de lecture ou de visionnage, écris à [email protected] – c’est aussi ça l’éducation populaire et l’entraide: profiter de rediriger les moyens qu’on a quand c’est pertinent, même si c’est juste utiliser l’adresse mail du mouvement pour partager des connaissances]. On suit les séminaires en ligne de Fridays for Future ou de la Grève du Climat. On continue à se renseigner sur les luttes actuelles. Sur les actualités scientifiques. On lit de la biologie, de la climatologie, de l’ethnologie. (sans se culpabiliser si on lit pas 1000 pages par jour après avoir suivi une conférence en comptant qu’on a peut-être des études en cours, des gosses dont il faut s’occuper, de la paperasse à faire, ou juste la flemme ). On affûte nos armes pour la lutte sociale en cours.

Et on continue à lutter. Le 15 mai, il ne se passera pas grand chose. Mais si on peut au moins applaudir à 11h59, c’est mieux que rien. Si on peut couvrir le canton d’affiches et autocollants, c’est un pas en avant. Si on distribue nos flyers portant notre manifeste cantonal, on aura avancé. Mais il faut déjà qu’on se prépare à aller plus loin. Comment? Je ne sais pas. Pas totalement. Pas de manière certaine. Mais je sais qu’il faut agir. Agir, ça veut dire participer aux groupes d’entraide. Faire de la propagande. S’instruire. Se syndiquer – même si on va pas se mentir, les gros syndicats suisses sont plus dans la cogestion avec les capitalistes que dans la transformation sociale. Soutenir les collectifs culturels et les petites entreprises. Et pourquoi pas saboter les rouages du Secrétariat d’État aux Migrations qui impose la poursuite des procédures d’asile même si le soutien juridique n’est pas présent à cause des mesures sanitaires.

En bref, on fait comme on peut. Mais on essaie de faire mieux. De penser le monde futur. Et surtout de le bâtir.

Parce que la vie est belle. La vie est belle. La vie est belle. La vie est belle. La vie est belle. La vie est belle.
Et puisqu’elle est belle, elle mérite qu’on se batte. On se laissera pas faire. On la vaincra cette fin du monde!
Ensemble, on peut le faire. La lutte paye. Vraiment. Ne désespérons pas. Ne nous décourageons pas. Luttons. Luttons. Luttons. Et aimons-nous. Amusons-nous. Sinon, ça en vaut pas la peine.
Allez, on s’y remet. Un monde meilleur est nécessaire et possible. Et on peut le bâtir. On doit le faire. Parce que personne le fera pour nous.
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