Le Conseil d’État a présenté un plan climat cantonal. La Grève du Climat le juge dramatiquement insuffisant. Pire, le gouvernement propose le classement d’une motion populaire sans y répondre!
11 février 2022
La Grève du Climat prend acte du plan climat présenté par le gouvernement cantonal. Sans surprise, celui-ci est dramatiquement insuffisant.
Tout d’abord, 55 millions sur 5 ans est un investissement faible au vu de l’urgence climatique. Surtout que le financement additionnel ne sera en fait que d’environ 22 millions.
L’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050, central pour le Conseil d’État, est largement insuffisant. D’après une projection du GIEC, les pays riches devraient atteindre la neutralité carbone d’ici 2030, et le monde entier d’ici 2050, pour avoir 2 chances sur 3 de limiter le réchauffement à 1,5 oC, ce qui constitue déjà un réchauffement dramatique. Cette projection date d’il y a plusieurs années, et les émissions ont augmenté depuis. La situation est encore bien plus urgente.
En matière de réduction des émissions, comme la Grève du Climat et de nombreux autres acteurs cantonaux l’ont soulevé lors de la consultation, ce plan climat manque cruellement de mesures concrètes et contraignantes.
De plus, il repose en partie sur des mesures discutables. Prévoir des pseudo-compensations à l’étranger ne signifie pas réduire notre empreinte carbone, mais simplement refiler la patate chaude à d’autres pays. Capturer le CO2 dans des puits de carbone, par exemple dans des tourbières, est un très bon objectif. Mais miser sur des technologies à émission négative est illusoire. Il est urgent de réduire drastiquement les émissions, plutôt que de vouloir les compenser.
Et il est urgent de réduire ces émissions sans attendre. Pourtant, le gouvernement ne répond ni à cette urgence, ni à ses obligations légales.
Malgré la volonté de plus de 1000 citoyen·nes et le vote favorable du Grand Conseil, malgré les alertes des milieux scientifiques, le Conseil d’État propose le classement de notre motion populaire qui demande la neutralité carbone d’ici 2030. C’est tout simplement scandaleux!
Le Conseil d’État estime qu’il n’y a pas de consensus sur les faits et sur l’urgence. Affirmer cela, c’est nier le travail du GIEC et de l’entièreté de la communauté scientifique. Le gouvernement estime également que la majorité des mesures demandées au travers de cette motion sont déjà mises en place. Soit l’exécutif ment sciemment au parlement, soit il n’a manifestement pas compris grand-chose de l’urgence de la situation et de ce que cette motion demandait. Dans les deux cas, la situation est préoccupante.
Ce plan nous semble certes être un premier pas plus que bienvenu, mais il reste dramatiquement insuffisant en regard de l’urgence climatique et environnementale. Nous espérons vivement que les député·es refuseront le classement de la motion populaire « Agissez pour un avenir viable et juste!” et exigeront du gouvernement qu’il réponde à ses obligations légales et morales en proposant des mesures pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2030.