Festival de l’eau: le discours de la GdC

La Grève du Climat était présente le 14 octobre 2023 à Vevey au festival de l’eau, pour dénoncer l’accaparement de ce bien commun par Nestlé en consorts. Après des prises de paroles fort intéressantes et de la musique, une action surprise a animé la journée: des activistes se sont introduit·es dans le jardin de Nestlé et les participant·es sont allé·es les soutenir en suivant la mythique lémanide. Après cela, des groupes de discussion ont permis d’échanger sur nos luttes et d’esquisser des pistes pour avancer.

Voici le discours prononcé par un militant de la Grève du Climat Neuchâtel.

Vous le savez, évidemment, on est en train de vivre une crise climatique et écologique globale gravissime. On dépasse une à une les limites planétaires : réchauffement climatique, le plus rapide qui ait existé, biodiversité, usage des sols, polluants de synthèse, notamment plastiques, perturbation des cycles de l’azote et du phosphore… On vit l’extinction de masse la plus rapide qui ait jamais eu lieu. Et on perturbe le cycle de l’eau. Le rythme des précipitations change. Les périodes de pluie sont plus concentrées, ce qui provoque à la fois des sécheresses et des inondations. Et en plus, il y a moins de neige et de glace, ce qui renforce les sécheresses. Dans de nombreuses régions, les plantes n’ont plus assez d’eau pour grandir normalement. Des écosystèmes entiers sont menacés ou déjà détruits.

La crise environnementale est aussi une crise sociale. Les événements climatiques extrêmes se multiplient, les canicules, les sécheresses, les intempéries, peut-être les tempêtes comme celle qui a touché La Chaux-de-Fonds cet été vont être plus fréquentes, les inégalités augmentent, entre riches et pauvres, entre hommes et femmes. Les canicules et les sécheresses tuent. Déjà maintenant.

Les conflits autour de l’eau se multiplient. Par exemple, l’État turc essaie d’assécher le nord-est syrien. Plus proche de nous, certains essaient d’utiliser une eau de plus en plus rare pour faire fonctionner des canons à neige, pour alimenter l’agriculture productiviste avec des méga-bassines, ou, comme ici, pour la mettre dans des bouteilles en plastique.

Nestlé, c’est le représentant presque caricatural du monde dont on ne veut pas. Elle déforeste, pollue, fait bosser des enfants, elle trempe dans l’assassinat de syndicalistes. Elle s’accapare des sources d’eau.

Nous, on veut que l’eau soit considérée comme un bien commun, qu’elle échappe au marché, qu’elle soit gérée collectivement et démocratiquement.

Il faut changer de système. Il faut considérer l’eau, mais aussi les sols comme des biens communs. Il faut démocratiser le secteur économique et la société tout entière. Il faut mieux partager les richesses. Il faut baisser massivement le temps de travail. Il faut se débarrasser du capitalisme et du productivisme. Rien que ça.

Pour faire ça, à la Grève du Climat, on est d’avis qu’il faut lutter avant tout hors des institutions étatiques. Il faut construire l’autonomie, construire un autre monde. Il faut multiplier les coopératives, les occupations, les ZAD. Il faut aussi renforcer la contestation et la pression dans la rue et dans les entreprises. On a besoin de luttes syndicales et de luttes paysannes Avec la Grève pour l’Avenir, on sera dans la rue et sur les lieux de travail le 27 octobre à Berne, Genève, Lausanne et dans le canton de Neuchâtel. On construit déjà aussi une grosse mobilisation pour les 22 et 23 mars 2024.

Si on s’engage dans ce genre de luttes, c’est parce que la crise environnementale est aussi une crise sociale, qui découle de choix politiques. Les solutions techniques existent, elles sont déjà là. Ce qu’il faut, c’est un changement de cap politique radical. On doit se battre pour empêcher des entreprises comme Nestlé de s’accaparer l’eau avec le soutien de l’État.

On doit non seulement réclamer mais aussi construire un autre système. On doit assumer la lutte et la renforcer. On n’a plus le temps d’attendre. L’eau doit être un bien commun !

Vevey, 14 octobre 2023

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