Des coups de matraque et du gaz pour protéger un apéro de banquier·ères

Le 15 septembre, à l’appel du collectif Neuchâtel sans banques, nous étions présent·es au charivari pour un monde sans banques.

Malgré la pluie, la bonne humeur était au rendez-vous. Chants, percussions, slogans et appels au mégaphone ont rythmé la fin d’après-midi dans les ruelles de la capitale cantonale.

Alors que plus de 300 représentant·es des banques suisses s’auto-congratulaient et faisaient mine de s’intéresser au problème de la dette mondiale, nous avons rappelé que les banques étaient au centre du problème. Dette, financement des énergies fossiles, financement de l’industrie de l’armement – y compris nucléaire, encouragement à la croissance, soutien aux riches qui ne veulent pas payer leurs impôts, gestion de l’argent des dictatures… tout cela en échappant à tout contrôle démocratique: les banques financent la destruction de notre environnement commun.

Après leurs conférences, les banquier·ères (parmi lesquel·les une immense majorité d’hommes – y compris quelques-uns en uniforme militaire) se sont rendu·es à un hôtel de luxe pour un apéro riche. Nous les y avons accueilli·es, dans une ambiance revendicative, énergique mais aussi joyeuse. Les représentant·es des banques ont ainsi pu goûter à l’exotisme de la contestation anticapitaliste et écologiste neuchâteloise, à l’occasion de la délocalisation de leur Journée des Banquiers de Zurich à Neuchâtel.

Tout s’est bien déroulé, jusqu’à ce que des policiers (en nombre important et bien équipés) décident d’arrêter une manifestante sans sommation. Son tort? Se trouver près d’une rubalise qui est tombée. Alors que trois policiers la plaquaient violemment au sol sans qu’elle n’oppose la moindre résistance, la tension est montée. Alors qu’à aucun moment les policiers ni l’apéro des banquier·ères n’ont été en danger, un agent a décidé de vider son spray au poivre sur les manifestant·es encore présent·es, et un de ses collègues a trouvé justifié de matraquer à trois reprises un manifestant. La manifestante arrêtée, qui va aussi bien que possible après une interpellation musclée, est de plus faussement accusée de menace et violence contre la police.

Après cela, des policiers nous ont doctement expliqué que la réponse était proportionnée, que ça aurait pu être pire vu que notre manifestation n’était pas autorisée, que la police aurait pu interdire la manifestation (alors que c’est une décision politique), qu’on n’a pas le droit de manifester sans autorisation (ce n’est pas ce que dit la CEDH, mais ça n’a pas l’air d’émouvoir la police neuchâteloise)… et ont peu goûté qu’on qualifie leurs armes chimiques de ce qu’elles sont: des armes chimiques.

Après des faits similaires à Lausanne le 17 janvier 2020, après la perquisition de trois camarades par FedPol pour une lettre ouverte antimilitariste, après le déploiement de violence pour évacuer la ZAD de la Colline et la condamnation de zadistes à de la prison ferme pour violation de domicile (alors que la maison n’était pas un domicile et que la plainte a été retirée), après de multiples actes de violence et d’intimidation (y compris lors du dépôt d’un référendum fédéral à Berne), la situation semble claire.

L’État ne tolérera pas la moindre contestation sérieuse de l’ordre capitaliste.
Pour protéger un apéro de banquier·ères, la police gaze et matraque. Pour protéger une rubalise, elle interpelle et accuse faussement une manifestante de violence.
Jusqu’où l’État serait-il prêt à aller si nos actions remettaient sérieusement en cause la croissance et tout ce qui y est lié?

Malgré les intimidations, les armes chimiques, les coups, les arrestations, nous ne nous résignerons pas. Si nous renonçons, nous renonçons aussi à l’espoir d’un environnement vaguement vivable. Et nous ne pouvons même pas changer de camp: les banquier·ères aussi subissent la crise climatique.

On se retrouve le 23 septembre à Berne, Bâle, Baden, Zurich, Lucerne ou Saint-Gall.

Solidarité totale avec la manifestante ciblée par les mensonges de la police.

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