Un mémoire sur la Grève du Climat

Un mémoire intitulé « Empêcher la domination. La construction de l’horizontalité à la Grève du Climat » a été récemment défendu par un militant de la Grève du Climat Neuchâtel, qui a réalisé un travail anthropologique sur le fonctionnement du mouvement. Il peut être lu ou téléchargé via le dépôt de l’Université de Neuchâtel.

Ce mémoire propose une approche ethnographique du fonctionnement de la Grève du Climat. Il se focalise sur le groupe cantonal neuchâtelois, mais permet des généralisations valables pour l’entier du mouvement. Basé sur un terrain immersif, sur des entretiens et sur l’expérience militante de l’auteur, il se concentre sur la démocratie interne. Il propose des descriptions de pratiques concrètes (allant de la modération des réunions aux emblématiques gestes des mains en passant par l’écriture de procès-verbaux) et leur analyse sous l’angle de l’horizontalité et de l’empêchement de la domination au sens wébérien de « chance pour un ordre de rencontrer une docilité » [Weber 1995 : 95].
Cette horizontalité est créée, renforcée et alimentée par le recours à des processus et moments formels, notamment des réunions fréquentes qui voient le déploiement d’un registre horizontal-formaliste par les activistes afin de faciliter la participation du plus grand nombre et la prise en compte de l’avis d’un maximum de personnes, tout en s’inscrivant dans une approche souple et modulable. Elle s’incarne également dans le militantisme quotidien, y compris au travers de l’usage d’outils électroniques participatifs, et même dans des espaces informels non-militants.
Ce travail propose d’abord une conceptualisation de l’horizontalité. Suivent la conception de la démocratie au sein du mouvement ; la description et l’analyse des pratiques et outils permettant d’empêcher une domination et de faciliter la participation effective du plus grand nombre ; l’évocation de l’activité intense déployée par les activistes, des effets délétères de celle-ci et des moyens mis en œuvre pour prévenir l’épuisement ; l’importance de la transparence et de la transmission des savoirs et savoir-faire ; la généralisation d’une culture de discussion dépassant les moments formels ; la structuration de la Grève du Climat ; et l’insertion du mouvement dans un cadre plus large.

De ce travail de terrain est également né un projet d’article centré sur les réunions. Il a été proposé à la revue Tsantsa. Une première version, pas encore évaluée par des pairs, peut être lue ou téléchargée ici.

La Grève du Climat est un mouvement écologiste suisse qui s’organise selon des principes horizontaux. Les militant·es adoptent des pratiques permettant d’empêcher l’émergence d’une domination au sens wéberien du terme, et de limiter autant que possible l’apparition de hiérarchies. Inscrites dans un ensemble de pratiques visant à renforcer la participation du plus grand nombre, à assurer la transparence, à prendre en compte les avis de chacun·e et à bâtir des consensus, les réunions jouent un rôle important pour renforcer l’horizontalité au sein du mouvement. Oscillant entre formalisation, souplesse et diversité, elles sont le lieu de pratiques permettant de casser les rapports de pouvoir entre les activistes, notamment grâce à la modération et grâce au développement d’une « culture de discussion » qui s’étend en amont et en aval des réunions proprement dites.

Un essai intitulé « Échapper à l’État ? La ZAD de la Colline face à la répression » et une série de posters intitulée « Au-delà du marché: une écologie radicale » peuvent également être consultés en ligne.

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