Orientations stratégiques et priorités régionales

Grève du Climat – Neuchâtel
Mai 2022

Introduction

Dans le cadre d’un processus stratégique qui a lieu en ce moment au niveau national au sein de la Grève du Climat, et qui vise à s’appuyer sur les analyses et sur les objectifs produits au sein des groupes régionaux, nous avons entamé un processus de discussion sur notre stratégie au niveau cantonal.
Pour cela, des documents ont été produits ou rassemblés dans un dossier, et ont servi de base de discussion lors d’une réunion qui a eu lieu le 7 mai 2022.
Le présent document découle de cette réunion, ainsi que de la consultation interne qui l’a suivie.
Il est divisé en deux parties. Tout d’abord, la section “Orientations stratégiques” décrit la conception globale que nous défendons de ce que devrait être la Grève du Climat. Ensuite, la section “Priorités régionales” traite des sujets sur lesquels nous souhaitons nous concentrer durant les prochains mois voire années.

Orientations stratégiques

Nous défendons certaines valeurs et pratiques au sein de notre mouvement, et souhaitons renforcer ou défendre ce qui fait la force de notre mouvement. Les considérations suivantes devraient toujours rester à l’esprit des militant·es de la Grève du Climat, et nos actions ainsi que notre organisation interne devraient suivre les points qui sont présentés ci-dessous.
En bref, nous défendons la Grève du Climat en tant que

Porte d’entrée vers le militantisme
La Grève du Climat est et doit rester une porte d’entrée vers le militantisme.Il faut pour cela s’assurer que le plus grand nombre puisse y prendre part, y compris les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas endosser de grandes responsabilités ou ne peuvent ou veulent pas consacrer beaucoup de temps à la Grève du Climat. La Grève du Climat doit également rester ouverte aux personnes qui n’ont pas une grande expérience pratique, théorique ou idéologique de la politique, et rester un espace d’apprentissage permettant de former des militant·es qui n’iraient pas forcément dans un autre type d’organisation.

Facteur de radicalisation
La Grève du Climat est et doit rester un aiguillon qui pousse les organisations politiques plus institutionnalisées, comme les partis ou les syndicats, à adopter des revendications et pratiques qui tendent à une rupture avec le modèle capitaliste et prennent en compte l’urgence climatique absolue que nous vivons.
La Grève du Climat est et doit rester aussi un espace où les militant·es apprennent à mieux appréhender le système politique et économique dans lequel nous vivons, et sont poussé·es à le combattre, c’est-à-dire à aller à la racine des problèmes environnementaux et sociaux.

Siège de politiques préfiguratives
La Grève du Climat est et doit rester un mouvement qui non seulement revendique et réclame plus de démocratie, d’égalité entre genres, d’inclusion des personnes neuro-divergentes etc., mais aussi met en application ces principes dans son organisation interne. Les processus et pratiques démocratiques doivent être défendus et renforcés.

Espace d’expérimentation organisationnelle
La Grève du Climat a été un espace d’expérimentation organisationnelle important, que ce soit en termes de structure, de communication, ou encore de prises de décisions. Le mouvement s’est toutefois peu à peu cristallisé autour de pratiques de plus en plus standardisées. Si cela permet souvent une plus grande efficacité, cette cristallisation bride la créativité du mouvement et permet moins de questionnements, remises en cause et améliorations qu’en 2019.
L’expérimentation, et le cas échéant l’hétérogénéité, est encouragée au sein de la Grève du Climat.

Espace d’expérimentation de l’action directe
La Grève du Climat a débuté en réclamant que les gouvernements agissent mieux face à la crise climatique. Il n’est toutefois plus temps de quémander des mesures environnementales, il faut désormais construire un rapport de force et assumer le conflit avec les institutions en place, et forcer les gouvernants à agir. La Grève pour l’Avenir reste pour cela l’outil central.
L’action directe signifie surtout que nous agissons nous-mêmes, sans passer par le biais de représentant·es ou d’institutions détachées de nous. Cela passe par des pratiques de démocratie directe à l’interne, des gratiferias, des critical masses, des grèves, des occupations, des espaces de vie tels que des ZAD…
L’initiative individuelle et collective allant dans le sens d’une rupture avec l’ordre établi, sans recours aux institutions, doit être encouragée.

Espace d’apprentissage pratique et idéologique
La Grève du Climat est et doit rester un espace d’apprentissage pratique et idéologique. Cela passe par des formations formelles ou informelles, la préparation et la réalisation d’actions, les discussions entre militant·es, les conférences, les ateliers…
Les personnes qui n’ont pas d’expérience militante doivent pouvoir venir à la Grève du Climat, et y apprendre quelque chose en termes de militantisme ou de compréhension du monde dont nous faisons partie.
Un effort doit être fait afin d’intégrer les nouvellaux et d’assurer la transmission d’expérience et d’information, en gardant à l’esprit qu’il est aujourd’hui probablement plus difficile de rejoindre la Grève du Climat qu’en 2019, lorsque le mouvement restait encore à créer.

Espace extra-institutionnel
La Grève du Climat a permis d’élargir nos imaginaires politiques et de dépasser une vision de la politique qui ne passerait que par des institutions et processus officiels, intégrés à l’appareil étatique.
Nous devons veiller à garder cette indépendance face aux institutions et aux organisations politiques qui basent leur action avant tout dans ces institutions.

Lien entre organisations et mouvements
La Grève du Climat est et doit rester un lien entre militant·es d’horizons géographiques, idéologiques et organisationnels variés. Ce lien est notamment permis par le caractère extra-institutionnel du mouvement, qui le place en-dehors des querelles électoralistes. Une grande variété d’acteurices politiques peuvent se sentir à leur place au sein de la Grève du Climat, qui est un mouvement ouvert et démocratique, et dont les pratiques peuvent être appropriées par des personnes qui proviennent de milieux politiques divers. De plus, le fait qu’aucune organisation ni tendance politique clairement identifiée n’ait été à l’origine de la Grève du Climat ou y soit hégémonique permet de se concentrer sur la construction du mouvement et sur les pratiques plutôt que sur des questions d’étiquettes politiques.
La Grève du Climat a aussi permis de créer ou renforcer des liens entre organisations politiques de natures et orientations diverses – organisations politiques par ailleurs parfois en mauvais termes entre elles. La coalition Debout pour la Changement et la Grève pour l’Avenir en sont de bons exemples. Des liens informels existent également avec des élu·es et partis politiques, et divers collectifs locaux.
Une attention particulière doit être portée à préserver et renforcer les liens entre la Grève du Climat et d’autres organisations, ainsi qu’entre militant·es de la Grève du Climat agissant dans des cercles politiques variés. Toutefois, cela ne doit pas mener à transiger sur certains principes fondamentaux tels que l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2030 ou la démocratie.

Priorités régionales

Cette partie présente les projets et buts concrets que nous souhaitons développer en lien avec la situation neuchâteloise. Nous nous concentrons sur quelques projets concrets pour redynamiser le groupe cantonal et tenter de faciliter le recrutement, et nous veillons à conserver et tisser des liens avec les collectifs et mouvements existants, afin de réunir les forces des personnes déjà mobilisées.

Grève pour l’Avenir
La Grève pour l’Avenir reste notre projet central. Toutefois, nous ne nous limitons pas à ce projet, mais continuons à développer d’autres projets, propres à la Grève du Climat ou en lien avec d’autres collectifs que ceux impliqués dans la Grève pour l’Avenir.
Notre démarche reste globalement la même que jusqu’à présent en ce qui concerne la Grève pour l’Avenir. Très concrètement, outre l’organisation de grillades avant les vacances d’été, nous nous attelons à relancer le Syndicat des Services Publics et à essayer de le remobiliser pour la Grève pour l’Avenir, et nous prêtons une attention particulière à l’évolution des coordinations nationale et romande.
Au niveau suisse, nous défendons l’idée d’une prochaine date de mobilisation commune en 2024, afin de ne pas diviser nos forces en 2023 et de pouvoir ainsi nous concentrer sur la Grève féministe, et afin de nous laisser le temps de faire un travail de mobilisation conséquent d’ici 2024.

Tisser et entretenir des liens avec d’autres mouvements
En plus de la Grève pour l’Avenir, nous préservons et renforçons les liens avec les autres mouvements, collectifs et organisations de notre camp social dans le canton de Neuchâtel. Nous nous efforçons d’être présent·es lors d’événements lors desquels nous pouvons entrer en contact avec des personnes déjà sensibilisées à notre cause, afin de créer des liens et d’encourager des projets. Par exemple, nous pourrions nous investir dans les journées de ramassage de déchets. Nous essayons également de renforcer nos liens avec l’association Humus.
Nous nous concentrons notamment sur l’organisation inter-collectifs mise en place à l’occasion du dernier Black Friday, et tentons d’annualiser le Black Freeday. Pour 2022, nous prenons en compte le fait que le 25 novembre est aussi la journée contre les violences sexuelles, et voulons collaborer avec le collectif pour la Grève féministe à cette occasion afin de faire du Black Freeday une journée éco-féministe.
Une seconde priorité est le renforcement de nos liens avec les élu·es et leurs organisations. Nous essayons notamment d’organiser un apéro-rencontre à la fin de l’été avec les député·es, les élu·es au niveau communal et les directions de partis, tout en restant ouvert aux militant·es. Le but est de se présenter et d’échanger, avec en toile de fond l’idée de créer des relais dans les parlements. Nous inviterons les partis représentés au Grand Conseil, ainsi que solidaritéS. L’invitation devrait être lancée entre le 13 et le 20 juin.

Groupes locaux et recrutement dans les lieux de formation
Nous considérons qu’il est crucial d’essayer de relancer la mobilisation dans les lieux de formation, et sommes favorables à la création de groupes locaux.
Nous avons évoqué l’idée de séances d’information à réaliser dans les établissements scolaires (lycées, écoles professionnelles…), en capitalisant sur le dernier rapport du GIEC et sur la responsabilité des écoles de donner des outils à leurs étudiant·es pour faire face à la crise climatique.
Toutefois, nous relevons que c’est une tâche difficile, qu’il faudrait contacter les écoles avant l’été, que les réponses seront probablement négatives, et qu’il faudrait des projets concrets à proposer, tels qu’une mobilisation autour du plan climat ou le Black Freeday.
Bien que persuadé·es que le recrutement dans les lieux de formation est crucial, nous craignons de ne pas avoir les forces pour cela, et préférons pour l’instant nous concentrer sur la redynamisation du groupe cantonal, notamment autour du projet du Black Freeday. Nous privilégions pour l’instant la création de liens avec des gens déjà sensibilisés (Grève pour l’Avenir, Humus, Jardins du Mycélium…), ce qui augmente nos chances de pouvoir porter des projets concrets et semble plus en adéquation avec l’état actuel de nos forces.

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