Le 14 juin 2025, nous avons participé à la manifestation organisée à La Chaux-de-Fonds par le collectif neuchâtelois pour la Grève féministe, qui nous a invité·es à y prononcer un discours, aux côtés du SSP, d’Unia, des Foulards violets, de la Pride rouge, de Droit de Rester, de Syna, de l’ADF, des organisations de gauche et d’un millier de manifestant·es qui ont défilé au centre-ville.
Ni les femmes, ni la terre ne sont des territoires de conquête.
Nous sommes ici aujourd’hui pour rappeler une évidence qui dérange : il n’y aura pas de justice climatique sans justice féministe.
L’exploitation des corps et celle de la terre relèvent d’une même logique coloniale, capitaliste et patriarcale.
Les violences faites aux femmes, aux minorités de genre, aux personnes racisées, précarisées, handicapées, aux peuples colonisés, ne sont pas des accidents : elles sont systémiques.
Et elles résonnent avec le pillage méthodique du vivant, l’empoisonnement des sols, l’assèchement des rivières, la déforestation et l’accaparement des terres.
Elle ne tombera pas avec des promesses creuses ou des slogans verts sur fond de croissance illimitée. Elle tombera si on la fait tomber.
C’est en 1974 que Françoise d’Eaubonne utilise pour la première fois le mot écoféminisme dans Le féminisme ou la mort.
Elle y dénonçait l’illimitisme de la société patriarcale : cette fuite en avant vers toujours plus de profit, plus d’extraction, plus de domination, sans jamais se soucier des conséquences, jusqu’à l’effondrement.
Son intuition, visionnaire, rejoint ce cri de vérité que nous portons aujourd’hui : il ne peut pas y avoir de croissance infinie dans un monde fini.
L’écoféminisme n’est pas une spiritualité dépolitisée, ni une opération marketing où Barbie fait du jardinage.
C’est une force politique. Une colère légitime. Une urgence vitale.
Un mouvement de rupture, de colère et d’amour.
Chez Maria Mies et Vandana Shiva, l’écoféminisme matérialiste nous rappelle que ce sont les femmes et minorités de genre, les paysan·nes, les communautés autochtones qui nourrissent, soignent, cultivent et protègent les terres, et qui RÉSISTENT.
Ce sont aussi elleux qui paient en premier le prix des désastres climatiques et économiques, alors même que les puissants en tirent profit.
Face aux logiques extractivistes, nous opposons le soin, la solidarité, la décroissance, la réappropriation des communs, la désobéissance fertile.
Face au capitalisme patriarcal qui transforme la planète en marchandise, nous répondons : résistance, entraide et révolte.
Nous ne voulons pas survivre dans un monde qui bout. Nous voulons vivre, LIBRES, sur une planète vivante.
Alors aujourd’hui, en ce 14 juin, nous faisons grève. Pour les femmes et les minorités de genre, pour le climat, pour notre futur et pour les avenirs volés. Nous faisons grève parce que nous refusons d’être complices d’un système qui tue.
Parce que les riches polluent, et les pauvres crèvent.
Parce qu’un monde à +4°C, c’est un monde d’injustices, de violences patriarcales, d’apartheid climatique, de famines et de guerres.
Parce qu’on ne négocie pas avec la destruction. On se lève et on se bat.
