Conférence de presse – responsabilité environnementale

C’est parti! Le comité unitaire neuchâtelois en faveur de l’initiative pour la responsabilité environnementale a tenu sa première action et conférence de presse le samedi 11 janvier 2025.

Vous trouverez ci-dessous notre communiqué et les différentes interventions. N’oubliez pas de voter OUI d’ici au 9 février et convainquez vos proches!

Textes conférence de presse du 11.01.2025

1. Présentation initiative :

Le 9 février prochain, nous nous prononcerons sur un texte proposé par les jeunes Vert.e.s qui vise à inscrire certaines limites planétaires dans la constitution. Au niveau du changement climatique, de la perte de la diversité biologique, de la consommation d’eau, de l’utilisation du sol et des apports d’azote et de phosphore. Cela, de manière à ce que l’économie nationale respecte la nature et sa capacité de renouvellement. Ce principe doit être appliqué dans un délai de 10 ans et doit également être pris en compte dans la mise en oeuvre, l’acceptabilité sociale en Suisse et à l’étranger. 

Cette initiative nous met aujourd’hui face à un choix. Sommes-nous prêts à être plus humbles et intelligents quant à l’équilibre à entretenir avec la nature ? Les limites planétaires mentionnées dans le texte sont scientifiquement fondées et mettent avant les réalités écologiques dans lesquelles nous vivons et dont nous faisons partie. Nous pouvons décider de faire semblant de ne pas voir les déséquilibres environnementaux dont nous sommes responsables et laisser les perturbations environnementales bouleverser radicalement nos existences, nos sociétés et le vivant. Cependant, dans un élan commun, l’espèce humaine peut aussi et à notre sens doit même, prendre ses responsabilités et penser des sociétés qui acceptent que les limites de son existence durable dépendent des limites de la planète.

Il est toutefois essentiel de souligner que les efforts qui accompagnent ces changements de société ne concernent pas tout le monde de la même manière. Certains acteurs portent plus de responsabilité que d’autres quant à la crise environnementale que nous vivons et ce sont généralement ceux qui contribuent le moins aux dérèglements environnementaux qui en subissent le plus les conséquences, que cela soit en Suisse ou aux 4 coins du monde. C’est une question de justice environnementale et sociale. En ce sens, les changements de société doivent être juste, et prendre en compte les réalités sociales de chacune et chacun. C’est ce que souligne l’initiative. 

Etant un des premiers États à se prononcer sur le respect des limites planétaires, la Suisse a aujourd’hui la possibilité de montrer à la communauté internationale qu’elle est cohérente face à un des grands, si ce n’est le défi de notre époque. 

Alors qu’il faudrait aujourd’hui deux planètes et demi pour supporter la consommation de la Suisse et qu’il est aujourd’hui acté que la moyenne des 1,5 degrés a été dépassée au niveau mondial, notre économie ne peut plus se permettre de perpétuer cet engrenage écocidaire. 

Le 9 février prochain, Nous nous prononcerons sur un texte proposé par les jeunes Vert.e.s qui vise à inscrire certaines limites planétaires dans la constitution. Au niveau du changement climatique, de la perte de la diversité biologique, de la consommation d’eau, de l’utilisation du sol et des apports d’azote et de phosphore. Cela, de manière à ce que l’économie nationale respecte la nature et sa capacité de renouvellement. Ce principe doit être appliqué dans un délai de 10 ans et doit également être pris en compte dans la mise en oeuvre, l’acceptabilité sociale en Suisse et à l’étranger. En effet, certains acteurs portent plus de responsabilité que d’autres quant à la crise environnementale que nous vivons et ce sont généralement ceux qui contribuent le moins aux dérèglements environnementaux qui en subissent le plus les conséquences, que cela soit en Suisse ou aux 4 coins du monde.

Alors qu’il faudrait aujourd’hui deux planètes et demi pour supporter la consommation de la Suisse et qu’il est aujourd’hui acté que la moyenne des 1,5 degrés a été dépassée au niveau mondial, notre économie ne peut plus se permettre de perpétuer cet engrenage écocidaire. 

2. Urgence climatique 

L’heure n’est plus à la discussion : la Suisse fait face à une urgence climatique importante et l’activité humaine est responsable de cette catastrophe. Notre société vit au-dessus de ses moyens, consumant la planète à un rythme effréné, avec des conséquences catastrophiques pour la Terre et les générations actuelles et futures.

Malgré les engagements internationaux, la Suisse dépasse systématiquement les seuils environnementaux essentiels. Cela doit cesser immédiatement. La fonte des glaciers, la montée des températures, les vagues de chaleur, la disparition des écosystèmes et la pollution de l’eau ne sont pas des menaces lointaines: elles sont notre présent.

Nous devons briser l’illusion selon laquelle ces crises sont isolées. Chaque hectare de sol bétonné, chaque tonne de produits chimiques déversée dans nos eaux, chaque décision politique qui soutient l’agriculture industrielle et les énergies fossiles contribue directement à la perte de biodiversité et augmente les émissions de gaz à effet de serre. La pollution des nappes phréatiques par les nitrates et les pesticides est une menace grandissante pour les écosystèmes et la qualité des ressources en eau.

Il est temps d’arrêter de prétendre que des demi-mesures suffiront. Cette initiative n’est pas radicale. C’est un strict minimum. Nous devons renverser ce système économique fondé sur l’exploitation illimitée et la destruction. La place financière suisse et les grandes entreprises polluantes doivent rendre des comptes. Leur prospérité repose sur la destruction de notre planète, et les autorités, complices, ferment les yeux.

Il faut urgemment mettre en place une transition énergétique, industrielle et agricole profonde, qui inclut la réduction massive de notre consommation d’énergie, la fin des subventions à la pollution, et la transformation radicale de nos systèmes de production et de consommation. Nous devons imposer des normes strictes en matière de durabilité, et non pas accorder des permis de polluer. Nous devons aussi renforcer la démocratie, choisir collectivement ce que nous produisons et comment, et mieux répartir les richesses.

Chaque jour qui passe sans que nous agissions est une occasion perdue pour préserver la vie sur Terre. Le changement doit être immédiat, radical et collectif. Si nous ne faisons pas cela, nous compromettons l’avenir des écosystèmes dont nous dépendons.

Phrase pour le communiqué de presse: La fonte des glaciers, la montée des températures, les vagues de chaleur, la disparition des écosystèmes et la pollution de l’eau ne sont pas des menaces lointaines: elles sont notre présent.

Nous devons imposer des normes strictes en matière de durabilité, et non pas accorder des permis de polluer. 

3. Justice sociale

L’initiative traite également de la question sociale. En effet, il est important d’assurer une transition écologique tout en tenant compte des inégalités sociales en Suisse et également à travers le monde. 

Les populations des pays des Suds globaux sont les plus touchées par la crise climatique et manquent de ressources pour faire face aux phénomènes extrêmes (montée des eaux, sécheresses, pénuries alimentaires, …). Ces pays polluent pourtant beaucoup moins que les pays riches et industrialisés comme la Suisse. En effet, les pays occidentaux portent la plus grande part de responsabilité dans la crise climatique en raison des importations, des émissions de gaz à effet de serre et d’une tendance générale à la surconsommation. L’initiative tient compte de ses différences d’un point de vue international et prévoit ainsi de la part de la Suisse le respect des limites planétaires et le soutien aux pays défavorisés pour la lutte contre la crise climatique et pour une transition écologique. 

Il faut encore de préciser que même au sein des pays industrialisés, les personnes les plus riches polluent davantage que le reste de la population en voyageant en jet privé, en possédant plusieurs maisons ou encore en investissant massivement leur argent. Selon une étude d’Oxfam de 2024, les 10% les plus riches sont responsables de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Là encore, l’initiative prévoit dans sa mise en œuvre des exigences différentes selon le degré de responsabilité des acteur.ice.s de la société. 

Pour le communiqué de presse ; « Les inégalités sociales doivent impérativement être prises en compte dans la transition écologie. La Suisse doit soutenir les pays les plus défavorisés dans la lutte contre le réchauffement climatique et adapter ses exigences auprès des citoyen.nes en fonction de leur part de responsabilité. »

4. Contexte international

Les pays industrialisés riches comme la Suisse portent la plus grande responsabilité de ces crises.

La Suisse doit faire preuve de solidarité. Elle doit atteindre les objectifs environnementaux plus rapidement que les pays plus pauvres. C’est pourquoi l’initiative fixe à notre pays un délai court de 10 ans afin que les pays pauvres aient plus de temps pour entamer une transformation écologique de l’économie et de la société. La Suisse doit les soutenir dans cette démarche pour ne pas renforcer les inégalités existantes. L’alinéa 2 de l’initiative exige explicitement une mise en œuvre socialement responsable en Suisse et à l’étranger.

L’initiative demande à notre pays qu’elle prenne en compte l’impact de sa production et de sa consommation à l’étranger. Environ deux tiers de la pollution de l’environnement en Suisse est due aux importations puisque nous avons depuis longtemps délocalisé les industries qui consomment énormément de ressources vers d’autres pays plus pauvres.

Les grandes entreprises, les multinationales, parmi elles des entreprises suisses ou qui ont leur siège

social en Suisse, jouent un rôle important dans ces inégalités. Elles génèrent à elles seules 80% des émissions de CO2 dans le monde.

La place financière et le marché des matières premières suisses causent beaucoup plus de dommages à l’environnement que toutes les activités en Suisse réunies.

Ces entreprises doivent prendre leurs responsabilités en respectant à l’avenir des critères écologiques

et sociaux clairs et en payant pour les dommages environnementaux qu’ils ont déjà causés.

(La nouvelle initiative pour de multinationales responsables va exactement dans ce sens. Nous incitons vivement la population à la signer.)

5. Coût de l’action vs coût de l’inaction

Bien entendu, se pose la question des moyens financiers nécessaires à revenir dans les limites planétaires.

En ce qui concerne l’effondrement de la biodiversité, l’eau et les sols, chiffrer le coût des mesures est une gageure. Les investissements devraient, par exemple, consister à reconnecter les habitats naturels pour la faune, à mieux soutenir l’agriculture biologique pour la santé des sols, à traiter les micropolluants pour une meilleure qualité de l’eau etc. Tout ceci au bénéfice de la santé publique.

Au sujet de la transition purement énergétique, plusieurs études tentent d’en mesurer les coûts :

Par exemple l’association suisse des Banquiers a estimé que pour atteindre le zéro net, il est nécessaire de consacrer 0,8% du PIB par année pendant 30 ans à des investissements supplémentaires, soit 160 milliards de francs, privé et public confondus, et que les banques peuvent financer 90% de cette somme. Le secteur financier de notre pays étant responsable de 20 fois plus d’émissions que les entreprises et les ménages suisses, on voit d’un bon œil qu’il finance la transition énergétique plutôt que les énergies fossiles !

Les scénarios de l’Office fédéral de l’énergie évaluent ces montants entre 70 et 130 milliards. On voit qu’on est dans le même ordre de grandeur.

Afin de revenir dans les limites planétaires, on pourrait déjà réallouer les 2,3 milliards de subventions annuelles qui nuisent au climat. A titre d’exemple, le kérosène pour le trafic aérien qui n’est pas taxé.

Si nous ne nous engageons pas dans cette transition, nous resterons tributaires des prix mondiaux du pétrole et de ses dérivés, qui sont liés à la stabilité des régimes autocratiques. Actuellement ça n’est pas rassurant. Nous détruirons notre environnement avec des impacts sur les coûts déjà hors contrôle de la santé, sur la mortalité, sur l’agriculture etc. Nous devrons accueillir de nombreux réfugié-e-s climatiques en provenance de pays qui sont plus vulnérables que le nôtre.

Selon l’Office fédéral de l’énergie « le coût de l’inaction serait potentiellement immense ». L’EPFL articule le chiffre de 10 milliards de francs par an. Une étude publiée dans la revue Nature indique qu’il serait six fois supérieur à celui de la protection du climat. Bien plus grave que les dettes pécuniaires qui alarment la droite du Parlement fédéral, nous creusons gravement un déficit environnemental dont le taux d’intérêt n’est pas piloté par les banques centrales. Son amortissement dépend de la résilience des milieux naturels, ceci à l’aune des siècles nécessaires à résorber le CO2 de l’atmosphère.

Mais la transition énergétique stimule aussi l’économie locale. Avec une vie plus sobre, nous entrons dans le paradigme d’une économie circulaire basée sur la réparation et le recyclage au profit des entreprises de chez nous.

Pour conclure avec une considération capitaliste, revenir aux limites planétaires est un placement qui offre un excellent retour sur investissement.

Phrase pour le communiqué de presse : Le coût de l’inaction est 6 fois plus élevé que celui de la protection du climat. Revenir aux limites planétaires est donc un placement qui offre un excellent retour sur investissement.

 6. Un autre monde est possible

Si nous sommes une coalition de partis et d’organisations politiques à soutenir l’initiative des jeunes vert.e.s c’est pour réaffirmer qu’un autre monde est possible.

La mantra néolibérale portée par la Baronnesse Margareth Thatcher «There is no alternative» a fané la capacité de plusieurs générations de militantes et de citoyennes à envisager des rapports sociaux qui dépassent et transforment la marche prétendument triomphante du capitalisme sur nos existences.

La politique du tout à la marchandise et des casinos dans lesquels le winner gets all n’est pourtant pas une fatalité mais un choix politique. Si nous avons l’impression que personne ne peut rien redire aux choix politiques des milieux dirigeants suisses d’ignorer les turpitudes puis de sauver Crédit Suisse ; Si nous assistons, comme impuissants, au soutien criminel de la diplomatie suisse au génocide à Gaza commis par Israël ; Si nous voyons horrifiés les morts au Tessin, en Californie ou encore au Pays valencien frappés par des catastrophes climatiques. Nous avons la faculté démocratique de dire que nous voulons une autre boussole à nos choix économiques. Nous voulons autre chose que ces catastrophes politiques dues à l’impréparation des États et à la destruction des ressources écologiques dans l’intérêt d’une poignée de milliardaires.

Face à ce sombre tableau et au pessimisme rationnel qui doit être le nôtre, l’initiative pour la responsabilité environnementale des Jeunes vert.e.s a le mérite exemplaire de saisir l’ensemble de la société suisse de la possibilité de faire primer la réalité matérielle sur l’idéologie néolibérale: Elle permet de redonner vie à l’optimisme de notre volontée.

Non l’économie nationale ne flotte pas dans un monde de bitcoin et de profits infinis où tous les profits sont permis.

Oui, nous avons la légitimité en citoyennes et citoyens égaux en droit de vouloir un monde durable, pacifique et meilleur.

Donner sa voix à la responsabilité environnementale, c’est affirmer notre droit démocratique de décider de notre avenir, dans notre intérêt commun.

Donner sa voix à la responsabilité environnementale, c’est placer au centre de notre modèle de société la solidarité et aux merveilleuses conquêtes collectives : Nous connaissons de formidables outils de redistribution qui permettent de garantir des services de qualité à la population : l’AVS, sans que l’État n’ait à se charger (beaucoup) de son financement. Nous connaissons des institutions économiques capables d’organiser le monde de demain : à côté des multinationales conçues pour enrichir une poignée, des milliards de personnes, et des millions de Suisses font partie de coopératives. Plutôt que la compétition et le parasitisme, l’entraide et la solidarité peuvent être le modèle de l’organisation de la production. 

Nous connaissons des succès environnementaux, insuffisants, mais notables : par une interdiction nous avons gagner la bataille du trou dans la couche d’ozone en deux décennies ; par nos investissements et le prix juste et hors du marché de l’eau, nous avons assaini nos lacs des excréments que nous y avions précipité pendant lesdites Trente glorieuse.

Voter oui à la responsabilité environnementale c’est indiquer la direction du meilleur et du juste, et tenter de barrer la route aux réflexes du vieux monde que nous avons reçu des générations qui précède.

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