Fragment

Le calme est revenu. La pluie a cessé, le vent est retombé. On se retrouve sous la grande tente. Tout le monde est trempé. L’averse a été violente, il n’y a plus de vêtements secs. On n’avait pas anticipé un orage aussi fort. Maintenant, il faut décider de ce qu’on va faire. L’ambiance est particulière. Les bloqueurs et bloqueuses ne pourront peut-être pas tenir bien longtemps dans leurs habits gorgés d’eau. Les tentes elles-mêmes sont humides.
Sous la tente, les délégués sont graves, fatigués. Une modération se met rapidement en place, spontanément et sans opposition. Une fille s’improvise interprète. D’autres interviennent quand elle bute sur un mot.
On évoque d’abord les problèmes. Le froid, la fatigue se font sentir. Certains suggèrent de bloquer la route immédiatement, pour forcer l’évacuation et en finir rapidement. D’autres pensent qu’on peut tenir la Place fédérale jusqu’au matin.
On discute rapidement, tout le monde sent qu’il n’est plus l’heure des longs débats. Les mains s’agitent pour marquer l’accord ou le désaccord avec les idées exprimées. Les interventions sont courtes, sans fioritures. Les délégués retournent sonder leur groupe d’affinité. On se réunit une dernière fois. Pour trancher, on finit par se placer, physiquement, sur un axe, pour que chacun et chacune puisse visualiser où se situent les autres. Les militantes et militants sont bien plus nombreux d’un côté de la tente que de l’autre. On retourne vers nos groupes, on cherche un peu de repos. On tiendra le plus longtemps possible.

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